Page:Aristote - Psychologie, trad Barthélemy Saint-Hilaire, 1847.djvu/203

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de réminiscence, ce sont les esprits qui sont vifs et s’instruisent sans peine.

§ 2. Voyons d’abord quels sont les objets auxquels s’applique la mémoire ; car c’est un point sur lequel on se trompe assez souvent. En premier lieu, on ne peut se rappeler l’avenir ; l’avenir ne peut être l’objet que de nos conjectures et de nos espérances ; ce qui ne veut pas dire qu’il ne puisse y avoir une science de l’espérance, nom que parfois l’on donne à la divination. La mémoire ne s’applique pas davantage au présent : c’est l’objet de la sensation ; car la sensation ne nous fait connaître ni le futur, ni le passé ; elle nous donne le présent, et pas autre chose. La mémoire ne concerne que le passé, et l’on ne peut jamais dire qu’on se rappelle le présent quand il est présent ; par exemple, qu’on se rappelle cet objet blanc au moment même où on le voit, pas plus qu’on ne se rappelle l’objet que l’esprit contemple, au moment où on le contemple et où on le pense ; on dit seulement qu’on sent l’un et qu’on sait l’autre. Mais lorsque, sans la présence des objets eux-mêmes, on en possède la science et la sensation, alors c’est la mémoire qui agit ; et c’est ainsi qu’on se souvient que les angles du triangle sont égaux à deux droits, tantôt parce qu’on a appris ce théorème ou que l’intelligence l’a conçu, tantôt parce qu’on l’a entendu énoncer, ou qu’on en a vu la démonstration, ou qu’on