Aller au contenu

Page:Aristote - Psychologie, trad Barthélemy Saint-Hilaire, 1847.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XVIII
PRÉFACE

entière. Les théories de Platon l’impliquaient nécessairement, et le disciple n’a guère eu qu’à la dégager.

Mais si Aristote a reçu quelque chose du passé, il a donné bien davantage aux temps qui ont suivi : ils lui ont tout emprunté. Je ne parle pas de l’antiquité, où aucune théorie nouvelle, même dans l’école d’Alexandrie, ne vient compléter ou contredire la sienne[1] ; je ne parle pas du moyen âge qui, pendant six siècles au moins, se fait le docile écho du Péripatétisme. Mais au xviie siècle, à l’époque de la réforme philosophique, quand la domination d’Aristote est renversée, sa théorie de la mémoire reste entière parce qu’elle est vraie. Même au siècle suivant qui s’occupe tant de psychologie, c’est toujours elle qui prévaut et qui est reproduite. L’école écossaise, si exacte, si minutieuse n’a point dépassé Aristote, et sur plusieurs points même elle est moins complète et moins profonde que lui.

Descartes qui, si l’on en excepte le Traité des Passions de l’âme, n’a fait de théorie

  1. Saint Augustin a traité de la mémoire au liv. X, ch. viii et suiv. des Confessions. C’est un hymne admirable aux merveilles de notre intelligence et à la bonté de Dieu. Mais l’enthousiasme n’ôte rien à la profondeur des idées, et l’on trouverait presque une théorie entière dans ces élans de cœur.