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Page:Arnaud - De la frequente communion, 1643.djvu/336

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qui ne se mange que par ceux qui sont dans l’estat et dans la disposition necessaire pour marcher : qui vivent sur la terre comme pelerins, ne s’attachans point aux choses qu’ils rencontrent en leur chemin, et ayans toute leur conversation, et toute leur affection au ciel, qui est leur patrie et le paradis dont ils ont esté bannis ; vers lequel ils marchent toute leur vie avec un regret continuel de s’en voir separez ; et avec un perpetuel gemissement, lequel n’est entendu que par l’esprit de Dieu, qui le forme dans l’esprit de l’homme, et le luy fait sentir dans le fonds de l’ame.

C’est ce pain cuit sous la cendre, qui n’est donné qu’aux Elies, lors que fuyans Jezabel, c’est à dire, se retirans de la corruption du monde, ils ont desja fait le chemin d’une journée toute entiere dans le desert ; et qui leur est si advantageux, que fortifiés par cette nourriture ils parviennent en fin au bout de quarante jours à la montagne de Dieu, où ils jouïssent de sa compagnie : c’est à dire, qu’apres le temps de cette vie mortelle, que le nombre de quarante consacré à l’affliction, et à la penitence, marque tousjours dans l’escriture et dans les peres ; ils sont receus en la maison du seigneur et en sa montagne sainte, où ils ne mangent plus cette viande sous des voiles sensibles, et corporels : mais à découvert, et en la mesme maniere que les anges mesmes la mangent.