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Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/158

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CHAPITRE IX

Des diverses sortes de propositions composées.


Nous avons déjà dit que les propositions composées sont celles qui ont ou un double sujet, ou un double attribut. Or, il y en a de deux sortes : les unes où la composition est expressément marquée, et les autres où elle est plus cachée, et que les logiciens, pour cette raison, appellent exponibles, qui ont besoin d’être exposées ou expliquées.

On peut réduire celles de la première sorte à six espèces : les copulatives et les disjonctives ; les conditionnelles et les causales ; les relatives et les discrétives.


Des copulatives.

On appelle copulatives celles qui enferment ou plusieurs sujets ou plusieurs attributs joints par une conjonction affirmative ou négative, c’est-à-dire et ou ni ; car ni fait la même chose que et en ces sortes de propositions, puisque ni signifie et avec une négation qui tombe sur le verbe, et non sur l’union des deux mots qu’il joint, comme si je dis, que la science et les richesses ne rendent pas un homme heureux, j’unis autant la science aux richesses, en assurant de l’une et de l’autre, qu’elles ne rendent pas un homme heureux, que si je disais, que la science et les richesses rendent un homme vain.

On peut distinguer de trois sortes de ces propositions.

1o Quand elles ont plusieurs sujets.

Mors et vita in manu linguæ[1].

La mort et la vie sont en la puissance de la langue.

2o Quand elles ont plusieurs attributs.

Auream quisquis mediocritatem
Diligit, tutus caret obsoleti
Sordibus tecti, caret invidenda

SordibSobrius aula[2].

Celui qui aime la médiocrité, qui est si estimable en toutes choses, n’est logé ni malproprement, ni superbement.

Sperat infaustis, metuit secundis
Alteram sortem, bene præparatum
Pectus.

Un esprit bien fait espère une bonne fortune dans la mauvaise, et en craint une mauvaise dans la bonne.

  1. Horace, Odes, II, 10.
  2. Id., Ibid.