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Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/200

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avec le sujet ou le petit terme qu’avec l’attribut ou le grand terme, soit qu’il ne le soit que séparément avec chacun de ces termes, comme dans les syllogismes[1], qu’on appelle simples pour cette raison, soit qu’il le soit tout à la fois avec tous les deux, comme dans les arguments qu’on appelle conjonctifs.

Mais en l’une ou l’autre manière cette comparaison demande deux propositions.

Nous parlerons en particulier des arguments conjonctifs ; mais pour les simples cela est clair, parce que le moyen étant une fois comparé avec l’attribut de la conclusion (ce qui ne peut être qu’en affirmant ou niant), fait la proposition qu’on appelle majeure, à cause que cet attribut de la conclusion s’appelle grand terme.

Et, étant une autre fois comparé avec le sujet de la conclusion, fait celle qu’on appelle mineure, à cause que le sujet de la conclusion s’appelle petit terme.

Et puis la conclusion, qui est la proposition même qu’on avait à prouver, et qui, avant d’être prouvée, s’appelait question[2].

Il est bon de savoir que les deux premières propositions s’appellent aussi prémisses (præmissæ), parce qu’elles sont mises, au moins dans l’esprit, avant la conclusion, qui en doit être une suite nécessaire si le syllogisme est bon ; c’est-à-dire que, supposé la vérité des prémisses, il faut nécessairement que la conclusion soit vraie.

Il est vrai que l’on exprime pas toujours les deux prémisses, parce que souvent une seule suffit pour en faire concevoir deux à l’esprit ; et, quand on n’exprime ainsi que deux propositions, cette sorte de raisonnement s’appelle enthymème[3], qui est un véritable syllogisme

  1. Mot emprunté par Aristote à la langue des mathématiques, et qui a signifié d’abord calcul, addition, réunion dans une somme.
  2. Il est bon de remarquer que, dans une question posée, ce qui est difficile à trouver, c’est le moyen terme entre les extrêmes (grand et petit) ; toute la force du raisonnement réside dans le moyen terme.
  3. L’Enthymème n’exprimant pas les trois propositions, il en est une qui reste dans l’esprit, ἐν θυμῷ.