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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/21

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venait à perdre la situation, à perdre la Commune, la Commune avait le droit, une fois sa perte achevée, de changer son Comité ou de le supprimer.

En un mot, la Commune abdiquait et se retirait, après avoir remis l’omnipotence à cinq de ses membres. C’était la théorie monarchique qui, sous une autre forme, avec un faux nez révolutionnaire, reparaissait et s’installait sur nos têtes. C’était la théorie de l’empire : — pleins pouvoirs et responsabilité pour le ou les chefs de l’Etat, — les représentants du peuple n’ayant plus que le droit platonique de blâmer ou de défaire le mal, quand le mal serait accompli.

Etait-ce admissible ?

En principe, non.

Elus du peuple de Paris, élus avec mandat impératif, si nous abdiquions ainsi, c’était le peuple de Paris qui abdiquait en nos personnes. A tort ou à raison, s’il nous avait élus, c’est qu’il avait confiance en nous, c’est qu’il voulait que nous exercions une certaine mission.

Avions-nous le droit de déserter cette mission, en la remettant même à cinq d’entre nous ?

Il y avait un devoir de contrôle et une responsabilité auxquels nous ne pouvions, ni ne devions renoncer. Or, le contrôle après coup est une plaisanterie, un leurre, un mensonge. Le seul contrôle sérieux, protecteur des droits du peuple et de sa dignité, est le contrôle qui empêche les sottises, qui prévient les fautes, non le contrôle qui les blâme piteusement après leur accomplissement, et se réduit à dire : Le vin est versé, il faut le boire.

Si cela est dangereux et avilissant dans les circonstances ordinaires, cela pouvait être mortel