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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/32

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Il mourut pour la Commune ; cela me suffit. — C’est à l’histoire de le juger.

D’ailleurs, la situation explique un peu ces violences et ces injustices. Il fallait avoir un grand fonds d’équité, un sang-froid exceptionnel, une certaine largeur d’esprit, pour rester toujours maître de soi, logique et juste, au milieu des circonstances atroces où nous sombrions. Je dois cependant ajouter, pour être vrai, que jamais la minorité, chez laquelle l’irritation eût été plus naturelle, plus excusable, plus légitime que chez la majorité, ne se laissa aller à aucune violence de parole, à aucune récrimination acerbe à l’égard de ses adversaires. Elle mit toujours les formes de son côté, ne s’emporta point, et, quand elle se décida à cette séparation dont il me reste à parler, ce fut après avoir tenté tous les moyens de conciliation. Les termes mêmes de notre manifeste en font foi.

Cette différence de conduite n’a rien d’étonnant eu égard aux tendances politiques des hommes de la majorité.

En somme, ils appartenaient à l’école autoritaire, de quelque nom qu’on veuille l’appeler, et s’ils étaient injustes, ils étaient aussi malheureusement conséquents avec eux-mêmes lorsqu’ils s’indignaient de toute opposition, lorsqu’ils ne voyaient dans une dissidence quelconque qu’un obstacle qu’il fallait broyer.

Ç’a toujours été le malheur et la faiblesse de ce parti révolutionnaire depuis 1792.

La Convention montra en grand le spectacle de ces déchirements et porta successivement une main homicide sur les diverses fractions qui la composaient, oubliant que l’ennemi était moins dans son sein qu’en dehors d’elle, et qu’en frap-