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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/43

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Quant au manque d’entente — faute capitale — il tint au caractère particulier de quelques-uns de ceux qui auraient pu la préparer, caractères trop personnels, individualités sèches, aimant à agir pour leur propre compte, et qui se croyaient diminuées chaque fois qu’elles se trouvaient d’accord avec quelqu’un.

Ceux-là ne consentirent à descendre de leur isolement majestueux et égoïste qu’à la vue de l’abîme où nous allions rouler tous.

Je dois ajouter enfin, à la décharge dés signataires, qu’ils ignoraient, je crois, aussi profondément que moi-même, l’imminence du danger. J’étais parfaitement convaincu de la défaite finale, ne m’étant jamais fait d’illusion à cet égard, mais je ne pensais pas, à ce moment, qu’elle dût se produire avant une quinzaine de jours. Or, ce temps aurait suffi pour modifier la direction militaire et prendre diverses mesures de salut public, dont l’absence rendît plus effroyable la chute de la Commune.

En résumé, le manifeste de la minorité ne fut point une démission déguisée, comme on l’a dit. Ce fut un appel désespéré à l’opinion publique, dans le but que cette opinion, se prononçant avec force, amenât un changement à la direction suivie et qui nous paraissait fatale. Ce fut une dernière protestation au nom des principes essentiels suivant nous méconnus, et dont l’oubli créait de nouveaux dangers, sans parer à aucun des dangers normaux.

Seulement cet appel venant trop tard ne pouvait être entendu du peuple qui se battait, et qui jugea que, devant l’ennemi vainqueur, ce n’était plus le moment de se diviser.

Quant à dire, en fait, que cette scission affai-