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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/49

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si, poussé par vos provocations, exaspéré par votre lâche férocité, mis hors de lui comme vous le mettiez hors la loi, il avait fait ce que vous lui reprochiez de faire ?

Il tenait Paris tout entier.

Il tenait la Banque, il tenait les Finances, et le grand-livre de la dette publique, et tous les titres de vos fortunes !

Il tenait vos palais, vos hôtels, vos maisons, vos richesses de toutes sortes !

S’il avait pris, détruit tout cela ?

Si, à chaque obus broyant une maison, frappant un être sans défense, il avait répondu en rasant un de vos Palais ?

Si, aux proclamations du mari de la Galiffet, de Jules Favre le faussaire, et consorts, il avait répondu en mettant la pioche et la mine dans vos nobles hôtels du noble faubourg ?

S’il avait, quand vous assassiniez des femmes, des blessés, chargé ses canons avec vos titres de rente, et fait une cuirasse à ses boulets de fer avec l’or de vos porte-monnaies ?

Auriez-vous trouvé le jeu de votre goût ?

Que risquait-il après tout ?

Que lui auriez-vous fait de plus que vous n’avez fait ?

Vous ne pouviez pas le tuer deux fois, le déporter deux fois !

Vous ne pouviez fusiller que le père, la mère et les enfants !

Encore une fois que risquait-il à vous porter ces coups, à ouvrir dans vos coffres-forts ces blessures dont vous porteriez encore les cicatrices ?

Il ne le fit pas !

Savez-vous pourquoi ?

Non pour vous, certes, mais pour lui.