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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/84

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Celui qui écrira ce livre plein de larmes et de sourires, plein de fureur et de mansuétude, celui-là, s’il a su voir et sentir, si son cœur a battu à l’unisson du cœur de Paris, si son esprit a été monté au diapason inouï de ces jours de lutte, d’espoir, de dévouement et d’écroulement, celui-là aura fait non-seulement une œuvre belle qui restera, mais une bonne action.

Pour moi, je n’insisterai pas davantage. Je n’ai pu qu’entrevoir, par échappées, en une seconde. J’ai ressenti quelques impressions, je viens d’essayer d’en fixer une ou deux, d’autres devoirs m’appellent.

Je ne puis pourtant pas abandonner ce tableau de Paris, sans parler de la manifestation des Francs-maçons.

Ce fut, avec la proclamation de la Commune, la plus belle journée, au point de vue scénique, de toute la Révolution. Elle en fut, pour ainsi dire, la clôture, de même que l’autre en avait été l’ouverture. Elle fut comme ce dernier rayon de soleil qui se glisse entre les nuages, au moment où, accumulés de toutes parts à l’horizon, en masses profondes, ils vont s’unir pour étendre un linceul uniforme sur la nature terrifiée.

Il était midi, un soleil resplendissant inondait Paris de lumière. Sur la place de l’Hôtel de Ville, dix mille Francs-maçons, avec leurs insignes et leurs bannières, brillantes d’or, d’argent, de soie, aux couleurs éclatantes. Tous ces insignes qui, en temps ordinaire, peuvent paraître enfantins et choquer en rappelant les mœurs et les mystères des siècles passés, avaient, ce jour-là, revêtu un caractère imposant et bien fait pour frapper l’imagination. Les grands-maîtres étaient là, presque tous vieillards en cheveux blancs, au premier rang.