Aller au contenu

Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
QUELQUES POÈTES

place les principales pièces mêmes sous les yeux.

Cette excellente méthode, née au dix-neuvième siècle, si modernement teintée de romantisme et de naturalisme par le goût des tableaux animés et par le souci de la réalité qui ne la quitte pas, se rattache dans son fond, chose curieuse, à la manière du grand siècle, au réalisme psychologique de l’École de 1660. Le fait nous semble intéressant et prouve qu’elle forme comme un bouquet des principales modes de penser qui régnèrent en France depuis deux cent cinquante ans.

C’est bien La Bruyère qui affirmait, en toute connaissance de cause : « Ce sont les faits qui louent, et la manière de les raconter. » Par les faits (actions et gestes) lui-même louait, et encore plus raillait. Sous l’apparence des vies de son entourage, il avait observé les tempéraments physiques et moraux : il les fait défiler dans son livre en mettant en scène de petites biographies. De même, Sainte-Beuve, qui lui doit tant, ressaisira à son tour sous leur biographie le tempérament des gens.

Bossuet lui-même, l’un des grands hommes à qui l’auteur des Lundis rend le mieux justice, de quoi composait-il donc ses Oraisons funèbres ? — De fragments biographiques et de jugements moraux qui en découlaient naturellement. Rien n’est classique comme le plan de l’Oraison de Condé, où l’orateur n’a fait qu’une application du mot de l’Écriture qu’il cite au début : « Leurs seules ac-