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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/35

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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

part des sciences morales ou biologiques. Trop absorbée malheureusement par sa dépense d’énergie quotidienne, l’humanité ne fait pas ses relevés de compte. Mais de quelle ressource ce serait et pour la famille, et pour le penseur, si de chaque existence éteinte il demeurait une notice ou au moins une « fiche » biographique bien faite, sincère et équitable celle-là ! Alors on aurait la raison de bien des influences héréditaires qui s’exercent indéniablement sur chacun de nous, et l’on entendrait, par-delà le temps, résonner au vrai la voix des « morts qui parlent ». Le jour où une personnalité marquante surgirait dans une race, la consultation d’une pareille « généalogie biographique » ferait comprendre en grande partie, — la liberté de l’âme demeurant entière, — par quelles réserves de sève lentement accumulées a pu être préparée une fleur de vertu ou de talent, d’héroïsme ou de génie. Ce serait une manière de pénétrer les secrets les plus délicats de la nature, peut-être même de soupçonner quelques-uns de ceux de la Providence.

En attendant l’avènement de ces ressources plus complètes dont disposeront, il faut l’espérer, nos neveux, et à ne se servir que des existantes, l’on voit que Sainte-Beuve eut raison de nous révéler le secret de l’intérêt qui gît dans les vies, toutes les vies, les vies moyennes ou même complètement ordinaires en apparence, telle celle d’une jeune receveuse des postes, dans le Perche, cette Christel, qui termine par une idylle tou-