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Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/11

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nous semble ressortir de cet incident, c’est que les critiques de l’abbé Groulx aiment beaucoup moins Lantagnac qu’ils ne haïssent l’abbé Groulx. On s’en doutait. Au reste, nous sommes ici dans un domaine qui ne relève pas du code des lettres : autrement, le Nabab serait à mettre au panier.

La conversion de Lantagnac est invraisemblable ? Voyons un peu… Les renégats de la langue sont généralement de méprisables arrivistes, des faibles d’esprit, des dégénérés, mais ils ne le sont pas tous. En pareille matière, il faut tenir compte de la formation intellectuelle, du milieu, de maints autres facteurs contre lesquels pourra seule réagir une âme naturellement noble secondée par un esprit fortement armé. Tombé à vingt ans dans un milieu d’anglomanie, pris tout entier par la pratique de sa profession, porté, comme tous les praticiens dépourvus de culture générale, à juger les races d’après leur richesse matérielle, avocat de grandes firmes anglaises qui lui font la vie large, Lantagnac nourrit pendant vingt ans l’illusion qu’il s’est anobli en épousant Maud Fletcher. Ne le jugeons pas trop sévèrement : dans les mêmes circonstances, la moitié de la bourgeoisie de la rue Saint-Hubert en ferait autant. Que lady Atchoum-Baker ouvre aux femmes de nos épiciers, de nos entrepreneurs en bâtiments, non pas ses salons, mais le quartier de ses domestiques, et deux sur trois ne voudront plus fréquenter ailleurs ; l’igno-