Aller au contenu

Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18

mande où s’arrêtera ta mainmise sur ma liberté de citoyen. Dans nos habitudes conjugales à nous — que j’avais, il est vrai, momentanément oubliées — le mari n’a pas le droit d’être un tyran, mais la femme n’a pas le droit d’être une chipie. Éveillé depuis quelque temps à une vie morale supérieure, je pourrais t’inviter à lire Polyeucte, d’autres ouvrages où l’on voit que le devoir domestique n’est pas toujours la fin de tout dans la société humaine. Cette lecture fatiguerait peut être ton cerveau ; au moins, ma petite Maud, dis-moi que tu n’entends pas être une chipie. »

Je crois bien qu’à ce discours Maud irait pleurer sur le sein parcheminé du vieux Davis Fletcher. Mais je suis à peu près sûr qu’elle reviendrait. J’en suis même tout à fait sûr. Je mettrais d’ailleurs ma main au feu qu’en ce moment elle n’attend qu’une bonne rossée de son seigneur et maître — gentleman accompli, mais détestable psychologue — pour réintégrer le domicile conjugal, contrite, repentante et le cœur débordant d’amour.

Les multiples défauts de forme relevés par ces messieurs ne doivent pas davantage être admis sans discussion. Si les discours de Lantagnac et du P. Fabien peuvent paraître longs et ennuyeux aux admirateurs de Daudet, de Flaubert ou d’Anatole France, il convient de se rappeler que l’Appel de la race est avant tout un roman de propagande — de propagande française — et que, sur ce sujet, le P. Fabien comme Lan-