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Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/63

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neutre et l’indiffèrent, dirons-nous avec Bossuet, il abdique sa qualité d’homme.

À cette conception l’on oppose la belle sérénité de M. Chapais. La chose est plaisante. S’il est deux historiens qui s’entendent sur les rapports à ménager entre l’histoire et la morale, ce sont bien M. Chapais et l’abbé Groulx ; l’un et l’autre ils admettent l’intervention de la Providence dans les affaires humaines. Mais les tenants de cette intervention n’assignent pas tous à la Providence la même figure. Pour M. Chapais, elle se présente sous les traits d’un gentleman qui boit de l’ale, mange du rosbif, fait beaucoup de business — a great, a roaring business — et occupe ses loisirs de bon géant à affranchir les peuples, après les avoir taquinés un brin pour éprouver leur bon naturel. Que de nos jours cette providence se néglige, ce n’est pas l’affaire de M. Chapais : puisque autrefois elle nous est venue toute seule et un peu malgré nous, le Bon Dieu — le vrai — ne sera pas en peine de nous en procurer une autre. Quant à l’idée que notre première providence, le meilleur auxiliaire de la sagesse divine dans la conduite de nos affaires, ce fut peut-être nous-mêmes, M. Chapais ne veut même pas s’y arrêter : les peuples n’ont déjà que trop d’incitations à la turbulence, et Candide a besoin de repos. M. Chapais prend la vue contraire ; en quoi est-il plus tendancieux, plus partial que M. Chapais ?

Très attaché lui aussi à sa langue et à sa