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Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/75

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souvenirs comme ceux-là, on ne dira jamais assez combien il en faudrait pour reconstituer dans son essence la vie d’une race. On le verra à la lecture de la Petite Fadette, de François le Champi, de la Mare au Diable, de la Terre qui meurt, rien ne se ressemble plus, de pays à pays, que certains aspects tout extérieurs de la vie paysanne. Pratiqué dans une vue patriotique, ce genre littéraire offre un autre danger auquel M. Groulx n’a pas échappé, qui est de porter aux admirations convenues. D’après M. Groulx, tous les « vieux de l’ancien temps » avaient l’amour du sol. Je voudrais ardemment que cela fût vrai, mais ce n’est pas vrai ; à toutes les époques de son histoire, sauf peut-être durant le demi-siècle qui suivit la conquête, notre race a compté une proportion menaçante de ceux que le P. Silvy appelle si justement les coureurs. D’après M. Groulx, le colon de l’ancien temps à qui on avait concédé sa terre avec le bois de chauffage seulement se serait fait scrupule d’y prendre aussi du bois de service, même ce qu’il en fallait pour enclore un petit goret. Pour la rareté du cas, je voudrais ardemment que cela fût vrai, mais ce n’est pas vrai ; au Canada comme ailleurs, et en dépit de tous les contrats de concession, le paysan ne s’est jamais abstenu longtemps, par scrupule, d’abattre dans sa terre un arbre dont il avait besoin pour enclore ses petits gorets. La « noble vieille femme » qui a dit cela