Aller au contenu

Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87

Nul ne peut porter dans son âme l’idéal de deux races qui s’opposent…

Le mal n’est pas de sortir de son milieu, c’est de s’en évader. C’est d’en sortir non pour une ascension, mais pour une désertion…

On ne compte, on ne vaut ici-bas que si l’on se gouverne, non selon soi-même, mais selon sa race.

Le premier parmi nos historiens, M. Groulx nous aura mis en face de cette vérité attestée par l’histoire de tous les temps, mais que nos businessmen de la politique voudraient parfois nous faire perdre de vue :

La race est de tous les éléments historiques le plus actif, le plus irréductible. Quand on croyait l’avoir noyée, elle surgit, après des siècles, pour revendiquer son droit immortel. Elle transforme sans être transformée ; plus que toutes les influences réunies, sauf l’influence religieuse, elle détermine la vie politique, économique, sociale, intellectuelle, d’une nation.

Le premier il aura eu le bon sens d’opposer à la thèse bien connue des historiens loyalistes ces faits de toute évidence :

La nationalité naissante pouvait manquer de quelques éléments, de quelques forces ; elle ne laissait pas de grandir d’une évolution régulière, selon les poussées de sa vie intérieure, fécondée par les ferments du catholicisme et de la vitalité française. La conquête anglaise survint qui arrêta cette croissance. Une secousse violente agita l’organisme de la jeune race. Quelques sources de vie s’en trouvèrent appauvries, d’autres entièrement taries. Dans la destinée de notre peuple, ce fut une courbe soudaine, une épreuve qui prit les proportions d’une catastrophe.

Le premier il sut peindre l’état d’esprit qui est, chez tous les peuples, une des conséquences de la défaite :

Toujours, dit-il, une dépression morale malsaine, conseillère de démissions, se produit dans la conscience d’un