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Page:Asselin - Pensée française, pages choisies, 1937.djvu/45

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LE DRAPEAU ROUGE

vail, l’intelligence, don gratuit de la nature et source première des inégalités sociales.

Ces hommes qui prennent ainsi la contre-partie de tout ce que nos modernes Rois Fainéants croient et pratiquent, ils sont eux aussi des socialistes à leur manière, qu’ils s’intitulent libéraux parce qu’ils conçoivent le progrès humain comme un affranchissement, rationalistes parce que, poursuivant un but politique, ils regardent le contentement des masses populaires comme une condition essentielle de la vie et de la puissance nationale, conservateurs même, parce que — plaisante perversion des mots ! — ils veulent conserver l’ordre social en le régénérant.

Va-t-on les excommunier pour un nom sur le sens duquel on ne s’entendra pas ?

Le socialisme chrétien prêché par l’Abbé Daens et autres ecclésiastiques européens a été condamné par le Souverain-Pontife à cause de circonstances particulières qui pouvaient précipiter des masses insuffisamment éclairées, et naturellement impatientes, vers le collectivisme anticatholique. Mais cette doctrine — qui au fond n’est que celle du Christ — continue à être prêchée sous d’autres noms, en France et en Belgique, par des catholiques éminents dont le plus connu est un prêtre, l’abbé Lemire, député à la Chambre française.

Quant à nous, nous n’avons aucune sympathie pour les viragos du type Emma Goldman, qui puisent dans le cosmopolitisme de leur race bien plus que dans leur élévation d’esprit la haine des vieux drapeaux, ni pour certains hâbleurs que nous connaissons, qui soupirent après l’égalité générale dans l’État collectiviste, mais à condition qu’on leur délègue le soin de conduire les autres. Et si le drapeau rouge ne représentait que ces haines et ces calculs, nous le verrions sans émoi écharper par la police.