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Page:Asselin - Pensée française, pages choisies, 1937.djvu/93

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NOTRE DEVOIR LE PLUS URGENT…

fusément que dans ce mariage de la langue et de la foi, décrétée par raison d’État, je veux dire par raison d’Église, ce n’est pas la foi qui a le plus à perdre. Comment peut-on sincèrement s’imaginer servir la cause du français dans l’Ontario protestant en ne cessant de proclamer que pour nous le français est d’abord un instrument de conservation et de propagande catholique ? Et comment espérer en même temps faire croire à la Province de Québec que l’on n’est mû que par l’amour du français, quand, au cœur même de cette province, le français se meurt dans les arts et métiers, la procédure judiciaire, les administrations publiques et privées et vingt autres sphères ; que de toute évidence un commerce intellectuel plus intime avec la France pourrait seul nous rendre, avec l’esprit français, la force d’expansion et de rayonnement qui nous manque ; que néanmoins, par crainte de « l’irréligion », et en dépit de leurs beaux discours, ceux qui pourraient nous rapprocher de la France agissent au fond comme s’ils étaient enchantés de nous en tenir éloignés. Le jour où le clergé canadien-français ne mettra plus de conditions à sa défense du français, il conquerra le cœur de ceux pour qui le français aussi est une religion, et c’est à dire que ce jour-là il y aura peut-être encore des indifférents en matière religieuse, voire des incroyants, dans le Canada français, mais qu’il n’y aura plus d’anticléricaux. Au contraire, la plus grande maladresse dont il soit capable, et pour la religion et pour le français, c’est de continuer à se mettre en travers de tout mouvement d’action française qu’il n’a pas conçu et qu’il ne dirige pas, et qui ne s’affiche pas d’abord comme un mouvement catholique.

Pour résumer ce trop long article — qui y gagnerait, je crois, à se muer en brochure :

Envoyer de l’argent aux Canadiens d’Ontario,