Aller au contenu

Page:Asselineau - Le Livre des ballades.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’adreſſoit aux Princeſſes, & ne traitoit que matières graues & dignes de l’aureille d’vn roy. Auec le temps empireur de toutes choſes, les Poëtes Françoys l’ont adaptée à matières plus légères & facecieuſes, en ſorte qu’auiourd’huy la matiere de la Balade eſt toute telle qu’il plaiſt a celuy qui en eſt autheur. Si eſt elle neantmoins moins propre à facecies & legeretez.

Sa forme eſt telle qu’elle contient trois coupletz entiers, & vn epilogue communement appellé Enuoy. Les trois coupletz doyuent auoir tous autant de vers les vns comme les autres, & vniſones en ryme : car s’ilz ſont de different ſon, ia la bonne part de la grace que doit auoir la Balade, eſt eſgarée. Le nombre des vers en chaſque couplet eſt huittain ou dizain, par foys ſeptain ou vnzain… L’enuoy ou epilogue meſure le nombre de ſes vers à la forme du couplet ; car ſi le couplet eſt huictain, l’Enuoy ſera quatrain. Si le couplet ha dis vers, l’epilogue en aura cinq plus communement : aulcuns foys fept. S’il eſt vnzain, l’Enuoy ſera icy de cinq, là de ſix, ailleurs de ſept vers. Et ſi le couplet a douze vers, comme tu en trouueras, en aucunes Balades de Marot, l’Enuoy en doit auoir ſept pour légitime propoſition. Voyla quant au nombre des vers : mais quant à la ryme, tu entens aſſez ſans mon auertiſſement, qu’à raiſon de l’analogie, les vers de l’Enuoy, en quelque nombre qu’ils ſoyent, doyuent reſembler en fon, autant des derniers du couplet, qu’ilz ſont en leur nombre : comme ſi l’epilogue a cinq vers, ces cinq doyuent eſtre vniſones aux cinq derniers de chaſque couplet precedent, & ainſi en plus