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Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/152

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des sonnets


Novembre




L’hirondelle eſt partie, & la biſe eſt venue.
On preſſent le retour des froids & longs hivers ;
Et, veuve pour longtemps de ſes feuillages verts,
Elle friſſonne au vent, la haute forêt nue.

On voit clair juſqu’au bout de la grande avenue,
Le chevreuil inquiet paſſe vite au travers,
Regrettant la fougère & fes vaſtes couverts
Où s’abritait ſi bien ſa chevrette ingénue.

Novembre, c’eſt l’époque où le cerf en amour
Trop ſouvent ſe réveille avant le point du jour,
Au bruit lointain d’un cor troublant ſa nuit heureuſe,

Ignorant de quel droit la meute aux longs abois,
Qui fait hurler en chœur tous les échos des bois,
Interrompt le ſommeil de ſa belle amoureuſe.


André Lemoyne.