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Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/35

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XXII
histoire

L’honneur en reſta à Voiture & à Malleville, dont les vers balancèrent les ſuffrages de la cour & des gens de lettres.

Ménage nous apprend que, ſollicité par Balzac de ſe mettre à l’ouvrage, « Monſieur de Voiture s’en excuſa d’abord ſur ſa pareſſe (cette excuſe me ſemble fort légitime), mais enfin ſa pareſſe céda à la paſſion qu’il avoit de plaire à Monſieur de Balzac, & il luy envoya ce Sonnet :


Des portes du matin l’Amante de Cephale[1]


« Ce Sonnet, ajoute Ménage, eſt admirablement beau. N’en déplaiſe aux Vraniſtes il vaut mieux mille fois que celuy pour Vranie qu’ils ont tant proſné : & ie m’aſſure que… Monfieur de Voiture,long-temps avant que d’avoir fait ce Sonnet pour cette Belle qui au lever du Soleil fut priſe pour le Soleil, en avoit fait vn pour vne autre Belle qui, ayant paru dans vn Iardin à l’heure que le Soleil ſe couchoit, fut priſe pour l’Aurore ; & ce Sonnet, comme vous allez voir, eſt auſſi vne eſpece d’imitation de celuy du Caro :


Sous vn babil de fleurs la Nymphe que j’adore
L’autre ſoir apparut ſi brillante en ces lieux,
Qu’à l’éclat de ſon teint celuy de ſes yeux,
Tout le monde la prit pour la naiſſante Aurore.


  1. Voyez le Sonnet p. 48 de ce recueil.