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Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/44

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XXXI
du sonnet


Superbes monumens de l’orgueil des humains,
Piramides, Tombeaux, dont la vaine ſtructure
A témoigné que l’art, par l’adreſſe des mains
Et l’aſſidu trauail, peut vaincre la nature !

Vieux Palais ruinez, chef-d’œuures des Romains
Et les derniers efforts de leur architecture,
Colliſée, où ſouuent ces peuples inhumains
De s’entr’aſſaſſiner ſe donnaient tablature,

Par l’injure des ans vous eſtes abolis,
Ou du moins la plus-part vous eſtes démolis :
Il n’eſt point de ciment que le temps ne diſſoude.

Si vos marbres ſi durs ont ſenty ſon pouvoir,
Dois-ie trouuer mauuais qu’vn meſchant pourpoint noir,
Qui m’a duré deux ans, ſoit percé par le coude ?


Jean Regnard, le poète comique, a auſſi compoſé un Sonnet burleſque, ou plutôt un Sonnet gras, que je m’abſtiendrai de citer.

En somme, le Sonnet, comme le Rondeau, comme le Triolet & les autres exercices du rhythme & de la rime, ſont un ſymptôme en hiſtoire littéraire. On ne les trouve cultivés & floriſſants qu’aux époques de forte poéſie, où l’imagination des poètes s’inquiète également du ſentiment & de la forme, de l’art & de la penſée. Auſſi le xviiie siècle, époque de déclamation & de nonchalance poétique, a-t-il peu produit de Sonnets, ſi tant eſt qu’on y en trouve. Il