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Page:Asselineau - Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique, 1866.djvu/100

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Je pressais la Reine des dieux.
Nous mêlions tous deux nos haleines ;
Je sentais couler dans mes veines
Le feu divin de son regard ;
Quand soudain sur ma bouche avide
Se brisant, le fantôme vide
N’a laissé qu’un amer brouillard.

Ah ! reste, reste, douce image !
Daigne encore échauffer mon cœur.
Quoi ! tu n’étais qu’un vain nuage,
Qu’air glacé, qu’infecte vapeur !
Quoi ! ces yeux, ce regard humide,
Ces cheveux flottant dans le vide,
Ces traits souffrant de volupté,
Ces transports, cette vive étreinte,
Tout n’était qu’ironie et feinte
D’un spectre en mes bras avorté ?

Illusion ! fatale amie !
Qu’il est divin, ton court sommeil !
Mais sur le sein d’une furie
On se retrouve à son réveil.
Tu nous berces de rêve en rêve,
Ton flot sublime nous enlève
Jusqu’au cintre des cieux ouverts ;
Puis soudain l’onde se retire,
Et nous restons, comme un navire,
Couché nu sur des bancs déserts.