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Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/31

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à l’accouchement ; son foyer est dans la matrice ; morbus totus ab utero procedit ; ses causes sont toutes celles qui retiennent dans la matrice des matières putrides ou susceptibles de le devenir ; enfin, son traitement doit toujours être subordonné aux différentes formes et aux diverses périodes de l’affection.

M. Trousseau. — Pirrhon, l’auteur et le chef de la secte des sceptiques, était moins sceptique que M. Trousseau, le compatriote de Rabelais ! En effet, M. Trousseau est toujours le même homme à dada sur cette grande idée qui pourrait en quelque sorte lui servir de devise : « Je ne suis pas l’homme des grandes généralités, des abstractions ; j’ai instinctivement une vive répulsion pour la philosophie médicale, peut-être, probablement même, parce que je ne la comprends pas assez pour y voir clair ! »

Personne assurément n’oserait soutenir le contraire devant M. Trousseau, mais toujours est-il que le nouveau Diogène laisse apercevoir aussi les jets de sa superbe à travers les trous de son manteau.

M. Trousseau a tout d’abord foudroyé l’assemblée par cette brusque détonation de mots : « L’histoire de la fièvre puerpérale est pour moi l’histoire de la dent d’or ; cette fièvre n’existe pas : l’affection désignée sous ce nom n’appartient pas exclusivement à la femme nouvellement accouchée ; on la rencontre, au contraire, chez les fœtus, chez les enfants nouveau-nés, chez les opérés, chez les soldats et même chez les vierges ! Mais tout le monde sait cela ; aussi ne revendiquerai-je pas la propriété de cette idée ; elle est partout. Je l’ai ramassée moi-même je ne sais où, je l’ai mise au bout d’un bâton et j’en fais un drapeau… je n’ai et ne veux d’autre mérite, »

Gardez votre mérite, M. Trousseau, mais surtout gardez votre drapeau… Le nôtre n’a pas été arboré si près d’un