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Page:Audet - Les députés de la région des Trois-Rivières (1841-1867), 1934.djvu/32

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donné de revenir aujourd’hui, après trois quarts de siècle, et de voir les immenses progrès réalisés depuis quelques années, son cœur de patriote éclairé et soucieux de l’avenir se réjouirait de l’œuvre accomplie dans cette région qu’il aimait.

Parlant de Shawinigan, Benjamin Sulte raconte ce qui suit :[1]

« L’un de nous, un Trifluvien de la bonne roche, Joseph-Édouard Turcotte, s’était donné la tâche, vers 1858, de réhabiliter ce site pittoresque dont nos ancêtres faisaient grand cas. Homme politique influent, il comptait sur des ressources que n’a pas le vulgaire. Croyant réussir promptement à relier le haut Saint-Maurice au Saint-Laurent par un chemin de fer, il consacra d’abord quatorze mille piastres à l’érection d’un hôtel près la chute de Shawinigan, sur le parcours de ce chemin. C’était prématuré. Nous avons tous assisté à la ruine de ses espérances ; chaque jour nous démontre la justesse des vues d’ensemble de ce grand citoyen. Pour ne parler que du côté agréable, dès que la voie ferrée des Piles sera construite, Shawinigan deviendra le rendez-vous des gens qui cherchent le plaisir, une température à souhaits et l’agrément de la vie des Bois ».

Un peu plus loin, notre auteur raconte une excursion qu’il fit en ce pays, accompagné de sir Narcisse et de lady Belleau. Après avoir décrit les difficultés de la route et l’ascension de la montagne, M. Sulte poursuit ainsi son récit :

« — Un château ! la demeure de la belle au bois dormant ?

« Et du même coup un autre cri :

» — Dieu ! que c’est terrible ! une rivière qui perd pied !

« Nous étions brusquement en face du Shawinigan et de l’hôtel Turcotte.

« Un hôtel à six grands étages, plus vaste que tous ceux de nos villes, plus spacieux peut-être que n’importe quelle construction de ce genre élevée à Saratoga, San-Francisco ou New-York. Une

  1. Trois-Rivières d’Autrefois — 3e série — Mélanges Historiques, vol. 20, p. 54.