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« Malgré leur prudente habileté, les Romains ont commis une faute : ils ont étouffé le culte des druides, qui était celui de la Gaule, sans pouvoir lui substituer le culte païen qui est le leur. Ceci a deux causes : d’abord les Romains corrompus ne croient plus guère à leurs autels ; ensuite les peuples ne sont nullement tentés d’encenser les dieux de leurs vainqueurs. Le christianisme en a profité : il s’est fait la religion des vaincus.

« Mettons-nous donc avec le christianisme. Par-là nous nous donnons pour auxiliaire contre nos ennemis le peuple même au milieu duquel nous voulons prendre place. À ses yeux nous ne sommes plus des envahisseurs, nous devenons des frères. C’est une grande et puissante alliance qu’une religion ! En mourant pour toi, Clovis, on croira mourir pour Dieu.

« Ce n’est pas tout : ce Dieu est celui des pauvres, il est né dans une étable ; il s’adresse donc à la foule. Le Dieu des malheureux le sera bientôt de toute la terre. Il proclame aussi, dit-on, l’égalité ; par conséquent il détruit tous les privilèges et toutes les supé-