Aller au contenu

Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 168 —

verte d’un immense chapeau de paille. Cet habillement, si peu semblable à celui des héros de la Grèce et de Rome, m’étonna ; il s’en aperçut : il lisait merveilleusement sur les figures. Il en avait fait une si grande étude, que chacun, on peut le dire sans exagération, lui apportait en l’abordant une des pages de ce livre curieux appelé la physionomie humaine. Je n’avais pas encore parlé et il me répondit : « Vous ne voyez ici ni Oreste ni Cinna ; je suis un colon, un planteur d’Amérique. N’ayez donc aucune surprise, j’ai le costume de mon rôle.

— Il vous sied à ravir ; il en est de certains hommes comme de certaines pensées : plus elles sont grandes, plus elles ressortent par la simplicité. C’est mon compatriote Vauvenargues qui l’a dit, et vous trouverez naturel que je me serve de l’esprit des gens de mon pays. »

Il y eut à ce moment sur ses lèvres et dans ses yeux un sourire modeste et reconnaissant dont je ne saurais donner une idée.