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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/235

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quinquet presqu’éteint nous éclairait à peine. Tout à coup, en me frappant sur l’épaule, l’Empereur me dit : « Savez-vous que les Anglais paieraient bien cher votre place, s’ils pouvaient y glisser un de leurs agens ! l’occasion serait belle pour une sanglante tragédie. — Ah ! Sire, m’écriai-je, vous me faites frémir ; si quelqu’un caché… — Rassurez-vous, rassurez-vous, Talma, continua-t-il, l’histoire se respecte trop pour me laisser périr dans une trappe comme un héros d’opéra. »

« Un autre jour il me montrait un camée qu’il venait de recevoir d’Italie. Ce camée, d’une rare perfection, représente en profil la tête d’Alexandre. Après l’avoir admiré, je dis à l’Empereur qu’il y avait quelque ressemblance entre cette tête et la sienne, dont le caractère est tout-à-fait grec. « Vous me faites plaisir, Talma, de trouver là ma figure, me répondit-il ; comme pierre précieuse, je n’aurais osé vous la donner : c’eût été un cadeau ; mais comme portrait, acceptez-la : ce sera un souvenir. »