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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/267

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ce mécanisme de la mémoire, déjà si prodigieux, alors même qu’il n’est pas soumis à de telles épreuves.

« Je vous révèle là d’étranges faiblesses. Viennent-elles de mon âme, de mon imagination, de mes nerfs ? et qu’importe, puisque je souffre ! Mais pourquoi me plaindre ? Je subis la loi commune, je paie quelque peu de talent par une délicatesse d’organes qui est la source de cruelles douleurs, de pénibles et longs ennuis. Au reste, si je redoute la mort, si je tremble à chaque pas de la rencontrer, c’est peut-être aussi par une trop grande soif de l’immortalité : il me faut pousser loin ma vie pour achever mes travaux, pour leur donner plus d’éclat, afin que mon nom, condamné à rester isolé et vide après moi, ait du moins dans les âges futurs un glorieux retentissement. »