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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/316

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VI.

Je surpris l’une de ces filles, la plus jeune, auprès d’une fontaine : je crus à une apparition. Elle baignait sa main déchirée par les épines d’un câprier. Vous vous rappelez, dans les poëtes de l’antiquité, ces vierges qui du sang d’un moineau rougissaient la source d’une eau vive en invoquant la naïade. « Enfant, lui dis-je, vous êtes au nombre des taveleuses[1]. — Oh ! non, me répondit-elle ; le moulinier[2] est mon père ; je suis née ici ; mon village à moi, c’est la Chartreuse. — Vous devez alors la bien connaître ? Vous avez dû compter souvent les statues des saints, couchées ou debout. Soyez mon guide ; montrez-moi ce que la Chartreuse offre de plus rare. — Venez. » Je la suivis.

  1. Nom des ouvriers qui travaillent la soie.
  2. On appelle ainsi le chef de la fabrique.