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en cercle immense, mais qui ne se déroule qu’à moitié devant vous, parce que la montagne sur laquelle est la Chartreuse vous dérobe le reste. Si vous planiez dans l’un de ces globes qu’une flamme légère emporte dans les airs, vous apercevriez alors toute la vallée ; mais alors aussi la montagne ne serait plus qu’un coteau perdu dans ce vaste espace. Cette vallée, disons mieux ce demi-cercle, est fermé par une chaîne de collines inégales dont la crête semble une découpure faite par les ciseaux d’or de quelque fée. Elles sont incultes, sans gazon, sans même un brin de serpolet ou de thym sauvage ; c’est de la pierre, mais une pierre polie, brillante, presque du marbre, qui réfléchit la lumière quand le soleil est dans sa force, qui se colore de bleu quand le soleil s’affaiblit, de sorte qu’on prendrait ces collines pour un second ciel incliné vers la terre, descendant jusqu’à elle, venant mourir où la verdure commence, où l’on touche aux premiers arbres. Voyez ces arbres se pencher, se relever, se pencher encore, jouer, badiner avec les vents,