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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/42

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provenait de la tension continuelle de son esprit. Je lui conseillai quelques remèdes dont l’emploi m’avait été salutaire. Mon ami me répondit : « Je suivrais aveuglément votre conseil, si je ne devais pas auparavant consulter le médecin de ma Teresa. Il ne l’a pas sauvée, il est vrai, mais ce n’est pas sa faute ; la nature est souvent bien entêtée ; quelquefois aussi elle nargue les médecins. Elle a contre eux de la rancune : elle ne leur pardonne pas de la contrarier, soit qu’ils guérissent quand elle veut qu’on meure, soit qu’ils tuent quand elle veut qu’on guérisse. »

« Le médecin arrive ; le mal augmente. Voisin, me dit Gavino en serrant ma main dans les siennes, s’il me faut quitter la vie, ce sera sans regret. J’ai rempli mon devoir, j’ai fondé dans l’État une grande famille. Mon nom figurera dans l’histoire. La tristesse de mes derniers momens se perd dans la douceur de cette pensée. J’aurais bien voulu cependant voir Pedro après sa première bataille ; mais puisque Dieu en ordonne autrement, il faut obéir sans me