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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/66

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quittaient pas leurs yeux ; leur bouche sur leur bouche les perdait tous deux dans une immensité d’amour. Enfin, Sardick put prononcer ces mots à demi-étouffés : « Je reviendrai. La patrie seule l’emporte sur toi ; la patrie, vois-tu, est encore plus sacrée que notre amour. La guerre conduite par Egbert sera courte. Il est aimé de la victoire comme je le suis de Genevière. Fais d’avance préparer l’autel. Nous allons moins combattre que rendre aux flots qui les ont vomis ces Danois, ces barbares dont l’approche, si nos bras ne les arrêtaient pas, ferait pâlir et trembler toi et tes compagnes, vous toutes si belles et si pures. Séparons-nous, mais pour peu de jours. » Et la jeune fille tomba à genoux, et la jeune fille suivit des yeux son amant dans la plaine, puis sur la haute colline d’où il se retourna, d’où il lui dit encore un adieu, qu’un nuage tout trempé d’une lumière argentée recueillit en passant sur sa tête pour l’apporter à Genevière, vers laquelle, poussé par les vents, il semblait se presser d’accourir.