Aller au contenu

Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —

rochers, non sans frémir, au fond de son courage, de lâcher sa proie, lorsque d’une forêt voisine tout à coup s’élance, à quelques cents pas du lieu où l’on a combattu, et en remontant un peu vers la droite, une biche à la forme élégante, aux pieds agiles, aux jarrets nerveux. Plus légère que la feuille du bouleau roulée par le vent, elle effleure la pointe de l’herbe nouvellement poussée. Il y a du coursier dans sa beauté, de la gazelle dans sa grâce, il y a dans sa blancheur tout l’éclat de l’hermine des rois. Ce n’est point la frayeur qui la chasse, mais un impatient désir de joyeuse indépendance. Aussi, loin de se précipiter dans la rivière, elle sautille sur son bord, s’y plonge, puis après bondit, et, sans perdre pied, la traverse. On devine qu’elle touche le sable du fond, puisque, au lieu de nager, elle court. Dieu ! qu’elle est superbe ! la voyez-vous sur l’autre rive où elle s’ébat, où elle secoue son poil humide, relève sa tête charmante, dresse ses oreilles attentives, écoutant si quelque cerf désespéré d’amour ne rôde pas dans les détours mystérieux de la forêt pour