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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/99

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tion. Gémissantes dans la misère, tristes dans l’esclavage, les populations se sont éteintes ou dispersées ; ces contrées, jadis couvertes d’habitans, jadis si verdoyantes, ont fini par n’être plus qu’un silencieux désert ; mais par-là du moins, en échappant au despotisme des hommes, elles ont reconquis leur première et sauvage liberté.

Dans un de ces déserts vivait ignoré, sans famille, tout-à-fait seul, un pâtre de vingt ans, nommé Bedkandir. À la jeunesse il joignait la beauté ; quelque chose de mieux encore : cette simplicité ingénue et gracieuse, dernier bienfait que la nature accorde pour parer tout ce qu’elle a donné ; mais Bedkandir soupçonnait peu ce qu’il valait, et nul flatteur ne pouvait l’en instruire. Trois chèvres, un cheval boiteux, c’était toute sa cour. J’oubliais un gros chien, vieux compagnon de son jeune maître. Ce chien l’aimait avec tendresse. Pendant la nuit, grondeur et sévère, il était sa garde ; pendant le jour, soumis et caressant, il était son ami.

La chaumière de Bedkandir, construite de pieds d’arbres, tapissée de mousse, s’élevait