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Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/126

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— Voyez-vous, Marie-Claire, ceux qui n’ont pas vu la Bourgogne ne savent pas ce que c’est qu’un beau pays.

Et comme si elle y était transportée tout à coup, elle retrouvait des coins nouveaux qu’elle me décrivait avec soin. Je l’écoutais, et il me semblait qu’aucun des chemins qu’elle m’indiquait ne m’était inconnu. Je montais avec elle la côte Saint-Jacques qui donnait un vin si merveilleux que les enfants n’en buvaient qu’aux grands jours de fête. Je marchais à travers les vignes qui devenaient si jaunes à l’automne que le pays avait l’air d’être tout en or, et j’entrais dans les immenses caves où les tonneaux s’alignaient et s’étageaient par centaines.

Mlle Herminie avait un peu de mépris pour ses clientes qui allaient à la mer au lieu d’aller en Bourgogne, et elle me prenait en pitié à l’idée que ma Sologne ne produisait que des sapins et du blé noir.

J’en ressentais pour moi-même comme une plus grande pauvreté, et devant les richesses qu’elle venait d’étaler, et qui m’entouraient de toutes parts, je n’osais plus parler des bruyères fleuries ni de la fraîcheur des chemins pleins d’ombre de mon pays.


Dès la deuxième semaine de vacances, il nous avait fallu réduire nos dépenses.

Nous avions supprimé le petit déjeuner du matin et la tasse de café du midi. Puis la soupe