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Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/191

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vel accident qui arrivait. Il se pencha sur elle, la saisit à l’épaule et avant qu’elle ait pu résister, il l’entraîna vers la porte.

Les fenêtres s’ouvrirent comme la fois d’avant, et l’on vit Gabielle moitié tirée, moitié portée par M. Bon jusqu’à une voiture qui s’éloigna aussitôt.

Tout le monde crut à un accouchement précipité. Gabielle elle-même avait dû y croire ; car à son passage dans la pièce de coupe, elle avait tourné vers nous un visage désolé. À cet instant seulement j’avais remarqué ses paupières violacées et ses lèvres d’une couleur si sombre qu’elles en paraissaient noires.

M. Bon ne tarda pas à revenir chercher son chapeau qu’il avait oublié. Il eut un haussement d’épaules plein de mépris pour notre ignorance, quand il dit un peu rudement :

— Elle porte son enfant mort depuis le jour de sa chute.

Après une semaine on sut que Gabielle échapperait à la mort, et qu’elle avait supporté ses souffrances avec le plus grand courage.

Le dimanche suivant, à l’heure de la visite aux malades, je retrouvai Bergeounette à la Maternité. Il ne fallait pas penser à faire parler Gabielle, mais Bergeounette se rattrapait en posant mille questions à l’infirmière, qui nous retenait à l’écart du lit de la malade.

La dernière question fut celle qui nous intéressait le plus :

— Était-ce une fille ou un garçon ?