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Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/228

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eut mis au net les comptes très embrouillés de la maison Quibu, il demanda à sa tante :

— Où est ton bénéfice ?

— Il viendra, répondit Mme Dalignac.

— Et ton loyer qui est en retard ?

— Je le payerai prochainement.

— Et les machines de ce Juif sur lesquelles tu n’as donné que des acomptes ?

— N’aie pas peur, je ne lui ferai rien perdre.

Elle fit toutes ces réponses d’un ton tranquille, comme si c’était là des choses insignifiantes et d’un arrangement facile. Cependant le propriétaire apparaissait de plus en plus souvent pour réclamer son dû, et le Juif venait chaque samedi avant la paye des ouvrières pour être sûr d’emporter une petite somme.

Mme Dalignac ne semblait pas se soucier de leurs exigences, elle ne parlait que de créer des modèles, afin d’employer beaucoup d’ouvrières. Rien ne la contrariait plus que de voir repartir une ouvrière avec son enveloppe vide. À celles de l’atelier elle disait :

— Si vous êtes embarrassées pour quoi que ce soit, ne craignez pas de vous adresser à moi.

Et elle démontrait et expliquait avec une inlassable patience.

Sa douceur et sa bonté ne la mettait pas à l’abri des insultes. Une ouvrière à l’air malade qui se présenta un matin le prit de haut sans raison. Elle semblait être entrée avec l’injure à la bouche et dès les premiers mots elle cria :