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Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/35

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Maintenant elle était sans cesse de mauvaise humeur et rudoyait tout le monde.

Mme Dalignac essaya de la calmer :

— Allons, Bouledogue, encore un peu de courage, bientôt nous serons moins pressées.

Mais Bouledogue, au lieu de se calmer, se dressa et répondit très haut :

— Si vous ne disiez pas toujours oui à vos clientes, elle seraient bien forcées d’attendre que leurs robes soient faites.

Elle se rassit un peu tremblante, et elle ajouta :

— Moi aussi, je voudrais une robe neuve pour la Toussaint. Pourtant, il faudra bien que je m’en passe.

Le patron ne savait pas non plus se retenir. Il se lança sur Bouledogue et lui cria en pleine figure :

— Ma femme est une sainte ! entendez-vous ?

Et Bouledogue, qui n’était pas encore apaisée, répondit en le repoussant du coude :

— Je le sais bien.

Lorsque Bouledogue était en colère, sa voix semblait monter du plus profond d’elle-même. Elle résonnait sourdement, et faisait penser à une cognée qui frappe un chêne.

Le patron en restait intimidé, et Bergeounette, qui ne craignait rien ni personne, se taisait dans ces moments-là.

Le lendemain de ce jour, Sandrine ne vint pas. Mme Dalignac s’aperçut tout de suite qu’elle n’était pas à sa place. Et comme aucune de nous