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Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/70

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tabouret brisé pour le porter à la cuisine, et quand je revins, la petite Duretour disait d’une voix très haute :

— L’amour de Sandrine est mort aussi.

Et on n’entendit plus que le cri répété d’une marchande de fleurs qui descendait l’avenue et le tic-tac de la pendule qui paraissait battre plus vite et plus fort.

Le soir, je retournai chez Sandrine avec Mme Dalignac.

Jacques était toujours à moitié couché par terre. Il avait seulement remonté ses genoux qu’il retenait de ses doigts entre-croisés.

La voisine nous dit tout bas :

— Il dort comme ça depuis ce matin.

Jacques l’entendit. Il se releva en répondant :

— Je ne dormais pas, j’étais avec Sandrine.

Il était tout étourdi et dans le mouvement qu’il fit pour se retenir au mur, il dérangea une photographie des enfants qui resta accrochée de travers.

Le lendemain, à l’heure de l’enterrement, un homme entra chez Sandrine en tenant devant lui une longue boîte aux planches rugueuses. Son regard cherchait une place dans la chambre, et je dus sortir en même temps que Mme Dalignac pour laisser libre le petit espace du milieu. Mais malgré cela, quand l’homme coucha le cercueil entre le lit et la table, il heurta les pieds de Jacques qui s’était pourtant reculé jusqu’aux lambris de la fenêtre.