Aller au contenu

Page:Audoux - La Fiancee.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lait par force ; elles lui pincèrent le nez pour lui faire ouvrir la bouche, mais elle écarta les lèvres et respira à travers ses dents.

L’interne, à son tour, essaya de la prendre par la douceur ; il n’obtint même pas qu’elle retirât sa figure de l’oreiller. Le lendemain matin, pendant la visite, la surveillante expliqua la chose au chef qui s’approcha et caressa les cheveux coupés ras de Catiche.

Il parla d’une voix douce, toucha l’un après l’autre les petits bras remuants et demanda :

— Voyons, ma mignonne, dites-moi ce qu’on vous a fait.

Elle tourna brusquement la tête de son côté, et d’une voix exaspérée, elle cria : « Zut à toi, na ! » et elle replongea la tête dans son oreiller.

— Il faut la laisser, dit le chef.

Elle passa encore toute la journée sans vouloir manger. Mais quand toutes les lumières furent éteintes et qu’il n’y eut plus que la veilleuse du plafond qui faisait comme un clair de lune dans la salle, Catiche commença de remuer dans son lit. Puis, un peu plus tard, elle fit entendre des petits gémissements