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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/168

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qui vient là. » Presque aussitôt l’enfant vit venir sur le chemin de halage deux beaux chevaux tout blancs, ils étaient complètement recouverts d’un filet dont les longues franges se balançaient sous leur ventre ; leurs têtes étaient chargées de pompons remplis de piécettes d’or et d’argent et ils marchaient sans fatigue comme si cela était un amusement pour eux de tirer l’énorme chaland en faisant chanter les clochettes.

Le garçon qui les conduisait paraissait content et plein de force : il appuyait sa main sur la croupe du premier cheval et son fouet qu’il tenait très droit était entouré de rubans dont les bouts flottaient au vent.

Le chaland s’approcha et Michel pensa qu’il n’en avait jamais vu de si beau. Il paraissait tout neuf avec sa coque blanche et ses larges bandes de couleur. Son nom : « La Reine », était écrit en grandes lettres d’or qui se répétaient dans l’eau en dansant et en se tortillant. Tout à fait à l’avant, un oiseau chantait dans une petite cage et au milieu, tout à côté d’un carré de plantes vertes et de pots de fleurs, Michel aperçut la reine du chaland.