Aller au contenu

Page:Audoux - La Fiancee.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saient voir à tous qu’elle n’était vêtue que de sa chemise. Elle disparut dans un groupe du côté d’un grand café.

L’employée des postes relevait constamment son chignon qui glissait sur son cou. L’artiste peintre lui offrit son bras pour marcher un peu ; tous deux tournèrent le coin d’une rue sombre.

Peu à peu, la scierie cessa de brûler, le silence se fit sur le boulevard et les locataires rentrèrent chez eux les uns après les autres.

Ceux du sixième étage se retrouvèrent ensemble sur le palier : l’artiste peintre, dont le lit était brûlé, entra chez l’employée des postes pour s’assurer que le feu n’avait rien abîmé. Francette, l’entretenue, avoua qu’elle avait trop peur pour finir la nuit chez elle et qu’elle aimait mieux aller coucher ailleurs. Il ne resta plus sur le palier que la couturière et la petite tuberculeuse, dont les chambres n’avaient plus de fenêtres. Toutes deux s’assirent sur l’escalier ; la petite tuberculeuse promenait sa lettre sur sa poitrine en l’appuyant du plat de sa main, comme si elle lui tenait chaud