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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/219

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rageuse, pourtant, elle avait osé parler de cette union qui lui donnerait de beaux enfants et la rendrait, malgré son infirmité, pareille aux autres femmes ; mais aux premiers mots, ses parents avaient marqué un tel mépris pour son projet, qu’elle n’avait pas insisté et s’était résignée.

Et lui, le timide, le craintif, Jean le Perdu, ainsi qu’on l’appelait, s’était résigné aussi malgré son immense désir d’avoir pour toujours à lui cette compagne adorée. Mais l’amour s’était moqué de leur résignation. Et bientôt, la jeune patronne avait dû élargir la ceinture de ses vêtements. Transie de crainte à travers sa joie, elle avait réussi à dissimuler son état jusqu’aux douleurs de l’enfantement survenues en pleine nuit. Les parents affolés l’avaient fait transporter en hâte dans une clinique où, peu après, elle avait mis au monde un beau petit garçon.

Dans cette clinique, sans nouvelles de celui qu’elle aimait, elle prenait patience, se disant que de retour au petit café elle saurait bien forcer ses parents à un mariage qui rendrait un père à son enfant et rapprocherait à ja-