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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/22

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épais taillis. Mais depuis, comme s’il espérait échapper au malheur qui le menaçait, le néflier avait réussi à se séparer de la rive, et l’eau, maintenant, formait un petit ruisseau entre le clos et lui.

Nestin n’avait pas répondu à la question de Nestine, car, pas plus qu’elle, il ne savait le nom de cet arbre mal tourné, qui possédait de larges et très belles feuilles, et un fruit bizarre, ayant la forme d’une fleur toute prête à s’épanouir. Tous deux, pour mieux voir, s’approchèrent au risque de glisser dans la rivière, au-dessus de laquelle le néflier laissait pendre ses branches trop lourdement chargées.

— C’est pas un arbre français, assura Nestin.

— C’est peut-être un pommier du Japon, dit Nestine.

Et elle ajouta aussitôt :

— On peut toujours goûter à ses fruits.

Ce n’était pas facile, car les branches s’éloignaient du bord comme à plaisir, et il fallut que Nestin entrât dans l’eau pour satisfaire sa curiosité en même temps que la gourman-