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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/248

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instant de tomber dans le panier aux paquets sales.

La femme gronda :

— Vas-tu rester tranquille, Tati ?

Mais Tati continuait de sauter, si légère qu’elle ne parvenait pas même à froisser les herbes. Elle ne semblait vraiment faite que pour sauter ou voler. Ses petites jambes maigres, noircies par le hâle et la poussière tout autant que ses pieds nus, faisaient penser à des pattes. Ses menus coudes, constamment en mouvement pour assurer son équilibre, avaient beaucoup de ressemblance avec les ailes sans plumes des oisillons, et son petit jupon rouge, recouvrant à peine le ventre et s’allongeant par derrière comme une queue, rappelait au père Sylvain un drôle d’oiseau tout en hauteur qu’il avait vu un jour au jardin des plantes.

Sans cesser de sauter d’un pied sur l’autre elle appelait d’une voix fluette et harmonieuse :

— Bertin, Bertin.

Et, brusquement, en trois sauts, elle fut près du garçon qui lui avait servi d’oreiller et