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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/49

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avant de pouvoir acheter un mobilier neuf qui n’avait rien de comparable à l’ancien fait par le père, menuisier de son état, et patient comme personne ! Et l’impotente qui ne voulait quitter son fauteuil ni jour ni nuit, et qu’ils avaient dû mettre à l’hospice sans qu’elle ait jamais voulu dire ce qu’elle avait fait de l’argent reçu de sa vilaine vente. « Tu te rappelles, Nestin ? » « Oui, oui, oui. » — Cependant, ils ne s’attristaient pas de ces souvenirs. C’était leur jeunesse qui revenait là, une jeunesse aimante, active et pleine d’espoir en l’avenir.

Quand les mariages se faisaient rares, Nestin et Nestine allaient aux enterrements, mais si les mariages les réjouissaient comme l’annonce d’un bonheur enfin conquis, les enterrements leur apportaient des heures de vrais tourments.

C’étaient souvent des gens moins âgés qu’eux-mêmes qu’ils voyaient porter en terre, et leur humeur s’en ressentait. Ils ne trouvaient rien à se dire pendant le jour, et leur insomnie redoublait à l’idée qu’eux aussi pourraient bien mourir… Leur pauvreté les