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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/138

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n’avait pas encore été touché par l’ordre que je lui ai adressé le 5 septembre d’avoir à mettre en route le dit Kotavy sur Vangaindrano, d’où je devais le diriger ensuite sur Farafangana ».

Bourgeron.


Voici le texte de la lettre du lieutenant Bars, qu’avec sa propre missive, transmettait le capitaine Bourgeron :


« J’ai l’honneur de vous rendre compte que ce matin 5 septembre, au réveil, Kotavy a été trouvé mort dans la prison du poste. Il y a trois jours, j’avais dû, comme je vous l’ai écrit, séparer Kotavy de deux autres prisonniers. Il se trouva donc seul dans l’un des deux compartiments de la prison.

« Je n’ai relevé sur son cadavre aucun indice permettant d’établir la cause de la mort.

« Je me demande si les habitants de Sandravinany qui lui apportaient à manger, ne l’auraient pas empoisonné pour le soustraire aux imaginaires supplices qui l’attendaient. »

Bars.


Dans son rapport au ministre, M. Lepreux relate cet événement en ces termes : « Après mon départ de Sandravinany, les habitants du pays apprirent avec une satisfaction mêlée de surprise que le déserteur n’avait pas été passé par les armes. Cette exécution leur aurait paru si naturelle, si conforme à leurs usages qu’après réflexion, ils se convainquirent que Kotavy allait être amené à Farafangana, non pour être jugé régulièrement, mais pour se voir livré aux tirailleurs sénégalais qu’il avait combattus et qui lui infligeraient les pires tortures.