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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/171

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villages pour vendre des bœufs à Fort-Dauphin, il a gardé les chefs en otage, dans la prison d’Amparihy, jusqu’à ce que les absents soient venus se constituer prisonniers. Ce n’est pas seulement le chef de village qu’il rend responsable du paiement de l’impôt d’un retardataire, c’est son parent. Makahay est retenu en prison comme otage de Revotsy, son parent retardataire.

Toute la tribu des Sahafera, qui se révoltera une des premières, ne s’est pas acquittée de la taxe sur les bœufs dans les délais prescrits. Vinay se fait amener les bœufs de la tribu sous prétexte de les marquer, et, afin d’activer le paiement des taxes, en garde une partie au poste.

Ailleurs, à Ambovila, il fait mettre en fourrière les bœufs non déclarés au recensement. Sur cinquante-six bœufs, les gens d’Ambovila en perdent ainsi trente-cinq.

Tout ceci est extrait de sa correspondance avec le chef de district ou de province.

Des témoignages nombreux, concordants et dignes de foi, prouvent que Vinay exigeait souvent d’un indigène une double contribution. Quand un contribuable s’était acquitté sous un nom, il était imposé à nouveau sous un autre, sous prétexte d’une erreur ou d’un oubli dans le recensement des habitants d’un village.

Autre exemple : Le nommé Tsiminby a quitté a région d’Amparihy, s’est fixé à Manantenina, dans le cercle de Fort-Dauphin et y a payé sa taxe personnelle. Vinay écrit à son collègue de Manantenina d’emprisonner Tsiminby et de le détenir indéfiniment ; sa libération encouragerait l’exode des habitants d’Amparihy vers Fort-Dauphin.